Marion Baillet, l'entrepreneure qui fait pousser des pleurotes dans du marc de café

Publié le 17 décembre 2018
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L’entrepreneuriat ? Marion Baillet n’y pense pas lorsqu'elle intègre le Master Gestion Sociale de l’Environnement de Champollion en 2016. A 26 ans, elle s’apprête pourtant à lancer « Cham’pignon sur rue », l'aboutissement d'un projet étonnant : cultiver des champignons dans du marc de café collecté dans les bars et les restaurants d’Albi. Itinéraire d’une étudiante entrepreneure.

« Je ne vends pas des champignons, je gère de la matière organique » précise aujourd'hui Marion Baillet. Valorisation des déchets, produits frais, circuits courts, mobilité douce et proximité : « Mon projet est une manière concrète de dire, voilà tout ce que l’on peut faire en recyclant ». Il aura fallu deux ans pour transformer l'idée en modèle valorisable sur le marché.

 

Des associations au statut étudiant-entrepreneur

Des jardins partagés de l’université, naissent les amitiés qui la conduisent vers l’agriculture urbaine. Marion investit le tissu associatif : les Incroyables comestibles, Albi en transition, l’Envers ou Envisage, l’association du Master GSE qu’elle préside en 2017. "Une expérience totalement complémentaire à ma formation », insiste-t-elle. Diplôme en poche, elle décroche un emploi en collectivité. « Formateur », mais elle ne poursuit pas. Pascale Brûlet, sa future associée au sein de « Les mains sur terre », structure porteuse de « Cham’pignon sur rue », lui souffle l’idée des pleurotes et du marc de café.

En parallèle, le statut étudiant-entrepreneur, lancé en 2014 pour stimuler l'entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur, gagne en visibilité. Marion en entend « vaguement » parler, chemine, et finit par postuler au pôle « Pépite Écrin », dispositif d’accompagnement géré par l’Université de Toulouse. Son projet séduit : elle obtient le statut et s’engage à suivre le D2E, Diplôme universitaire Etudiant-Entrepreneur. 268 étudiants rejoignent le dispositif cette année-là.

« Swot, benchmark et business plan »

Pleurotes et autres shiitakés peinent d’abord à se frayer un chemin parmi des projets tous plus connectés les uns que les autres. Marion avoue quelques « à priori sur le monde de l’entrepreneuriat », dominé par un imaginaire tech et business. Épaulée de ses tuteurs (académique et professionnel), elle s’ « accroche », et adapte swot, benchmark, et business plan aux spécificités de son activité. « J’étais par exemple la seule à ne pas avoir de problèmes de concurrence. A pouvoir visiter d’autres champignonnières à Bayonne, Paris, Bruxelles », explique-t-elle.

A sa grande surprise, « Cham’pignon sur rue » connaît un succès inattendu. Marion est retenue parmi les 8 lauréats du prix Pépite 2018. Elle termine surtout 2e du concours CRECE (Concours Régional des Étudiants Créateurs d’Entreprises) de la CCI de Toulouse. « Une journée folle […] et des encouragements qui reboostent à fond ! ».

La jeune entrepreneure s’affaire aujourd’hui à la champignonnière : « installer les chambres de pousses, tester la production, goûter les champignons ». La commercialisation des premières pleurotes est prévue pour le printemps 2019.