Vers une rentrée hybride ?

Publié le 18 juin 2020
Institut

[Interview] Comment organiser la rentrée universitaire avec l'incertitude du risque sanitaire ? Christelle Farenc, directrice de l'INU Champollion, évoque les pistes de travail actuelles, dont celle d'une solution hybride mêlant enseignement en présentiel et à distance. 

La rentrée se prépare dans un contexte instable...

Aujourd'hui, personne n'est en capacité d'anticiper avec certitude l'évolution du contexte sanitaire. Si la piste d'un nouveau confinement peut raisonnablement être écartée, nous ne pouvons pas exclure le scénario d'une situation dégradée en septembre ou durant l'hiver qui nous obligerait à adopter des règles sanitaires contraignantes : distanciation, désinfection des locaux, etc.

Quelle est la situation actuelle ?

Nous observons un assouplissement des mesures sanitaires. Un sentiment de retour à la normale se fait sentir. Mais l'heure est toujours à l'application des gestes barrières et au télétravail lorsqu'il est possible. Il est nécessaire de rappeler que si les écoles et les collèges ont rouverts pour tous le 22 juin, c'est en application du principe de distanciation sociale : 1 mètre en latéral et en face-à-face selon le décret du 14 juin. Pour les universités, la dernière circulaire du Ministère en date du 11 juin nous demande également de respecter la distanciation d’1 mètre.

Quelles sont aujourd'hui les principales contraintes ?

C'est la distanciation sociale qui impacte le plus les conditions d'enseignement. A l'INU Champollion, nous avons mesuré l'impact d'une règle de 1 mètre entre chaque étudiant sur l'ensemble des salles et amphithéâtres. La baisse en matière de capacité d'accueil est très importante. Si la consigne appliquée aux écoles et collèges (plus avantageuse) devait prendre effet dans les universités, la pression serait allégée. Mais cela ne permettrait pas d'accueillir tous les étudiants. Seule la disparition de la règle de distanciation autoriserait une rentrée "normale".

Quelle est la responsabilité de l'établissement ?

Notre responsabilité, c'est d'être prêt, dès septembre, à assurer notre mission de formation, tout en préservant la santé de tous, étudiants et personnels. Et ce quelle que soit la situation, aussi bien au début qu'en cours d'année universitaire. Nous devons donc anticiper le scénario du mode hybride mêlant enseignements en présentiel et en distanciel. Avec au moins deux garanties : une priorité donnée au présentiel au maximum des capacités d'accueil de l'établissement. Et, dans le cas d'un retour à la "normale", une possibilité de bascule vers un mode de fonctionnement 100% présentiel, celui que nous maîtrisons le mieux.

Comment préparer cette rentrée hybride ?

En faisant d'abord le bilan de la période écoulée. L'écran ne remplace pas le face-à-face. C'est un constat partagé par tous les enseignants. Mais, bien que reposant sur une relation virtuelle, l'enseignement à distance a permis une forme de continuité pédagogique très réelle pour les étudiants qui en bénéficiaient. Si le scénario d'une rentrée hybride devait se concrétiser, notre principal enjeu sera d'articuler le plus intelligemment possible les deux types d'activités. D'un côté du présentiel pour nouer la relation, faciliter l'identification et la projection. De l'autre, des enseignements à distance qui s'inspirent des pratiques les plus concluantes depuis la période de fermeture.

Quelles actions sont engagées ?

Nos actions se portent à la fois vers l'accompagnement et la formation des enseignants, le déploiement des outils techniques et la préparation des étudiants. Nous savons qu'une attention particulière devra être donnée aux primo-arrivants, et notamment aux étudiants de première année de Licence. Il faudra aussi maintenir un temps d’accueil physique suffisamment important en début d’année afin de familiariser les étudiants aux outils numériques, les orienter dans ce mode de fonctionnement, etc.