L’étendue du dialogue : réflexions sur la traduction théâtrale

Publié le 13 février 2020

Conférence d'Alexandra Moreira da Silva, maître de conférences en études théâtrales et traductrice. Dans le cadre du séminaire la Forge des langues, organisée par Cyrielle Dodet et Séverine Abiker (axe TCF).

« Le traducteur est le maître secret de la différence des langues, non pas pour abolir cette différence, mais pour l’utiliser », écrivait Blanchot. Au cœur de la traduction, il y a la langue, le rapport à la langue. Relation difficile faite de confrontations, de résistances, de désir de maîtrise voire d’annexion. Et pourtant, nous y sommes attachés à jamais. L’autre langue – qui est aussi la langue de l’Autre – devient un moyen, un crochet pour revenir à la mienne – pour revenir à moi. L’amour de la langue serait donc à l’origine de « ces conversations jusqu’à la mort », de ce dialogue intime, profond que nous voudrions parfois secret avec un auteur, une œuvre, une culture, une littérature - un théâtre. Mais ce dialogue infini avec l’autre, ce travail d’orfèvre qu’est souvent le travail du traducteur a beau être intime, ce qui en résulte doit être mis en lumière. Les acteurs, le metteur en scène et in fine le spectateur sont les horizons d’attente du traducteur de théâtre.

A partir d’exemples concrets, nous essaierons de parcourir cet espace entre – espace privilégié du traducteur – et de réfléchir aux enjeux dramaturgiques de la traduction. Autrement dit, à partir d’une poétique et d’une pratique, nous nous interrogerons sur la possibilité de la mise en œuvre de ce que nous pourrions appeler avec Éloi Recoing, une éthique de la Relation.


A propos d'Alexandra Moreira da Silva

Docteur en Études théâtrales (Université de Paris III/ Université de Porto), Alexandra Moreira da Silva est Maître de conférences à l’Institut d’Études théâtrales de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris III. Dramaturge et traductrice, elle a enseigné à l’École Supérieure de Musique et des Arts du Spectacle (Porto), à la Faculté de Lettres de l’Université de Porto, et a collaboré à différents projets de théâtre au Portugal, en Espagne.
Elle a traduit des auteurs dramatiques classiques et contemporains (Molière, Musset, Samuel Beckett, Jean Cocteau, Jean-Pierre Sarrazac, Karin Serres, Jean-Luc Lagarce, Bernard-Marie Koltès, Marguerite Yourcenar, Marguerite Duras, Rafael Spregelburd, Frederico Garcia Lorca, Pedro Eiras, Abel Neves, Nelson Rodrigues, Mohamed El Khatib, Yasmina Reza…) et des essais de Jean-Pierre Sarrazac et d'Arnaud Rykner. Elle a aussi publié différents articles sur la traduction de textes de théâtre et sur les dramaturgies contemporaines.
Elle est membre de l’Association Portugaise des Critiques de Théâtre et du Comité lusophone de la Maison Antoine Vitez et elle dirige, depuis 2016, la collection de dramaturgies contemporaines « Domaine étranger » chez les Solitaires Intempestifs.