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Colloque antifranquisme
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La longue lutte des mouvements antifranquistes pour la démocratie en Espagne

Mis à jour le 09/10/2025
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Un symposium international à Alicante et à Albi éclaire d’un nouveau jour la permanence et la vigueur des mouvements d’opposition au régime de Franco en France et en Espagne dès 1939. Maître de conférences en histoire et civilisation contemporaines de l’Espagne à l’INU Champollion et co-organisateur de la manifestation, Bruno Vargas en présente les enjeux.
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Pourquoi l’Université d’Alicante et l’INU Champollion organisent-elles conjointement ce symposium sur l’antifranquisme ?

Bruno Vargas : Ce 20 novembre constitue un événement symbolique, puisque ce sont les 50 ans de la mort de Franco. Cette date marque non pas le début de la démocratie mais d’une Espagne en liberté : des mouvements politiques, sociaux et syndicaux vont réapparaître au grand jour pour construire la démocratie espagnole qui commence officiellement avec l’adoption de la Constitution de 1978. Le symposium a pour objectif de revisiter cette histoire du mouvement démocratique à travers les luttes menées par les antifranquistes dès le début de la dictature, en 1939, et jusqu’aux premières élections législatives libres de 1977, en montrant que ce mouvement a toujours existé malgré la répression. La singularité de la manifestation est de se dérouler durant 2 jours à Alicante, les 20 et 21 novembre, et 2 jours à Albi, les 26 et 27 novembre. Les deux lieux n’ont pas été choisis au hasard. Alicante est la dernière ville républicaine à se soumettre le 31 mars 1939, et Albi a été la ville où vécut un des plus grands opposants au général Franco et à sa dictature, Rodolfo Llopis.

 

Revisiter l’histoire de la transition

Quel est l’apport de cette approche internationale ? 

Bruno Vargas : C’est toute la nouveauté du symposium d’associer l’antifranquisme en Espagne et en France. Jusque-là, on a travaillé sur l’exil, d’une part, et sur l’opposition intérieure au franquisme, d’autre part, sans toujours faire le lien entre les deux. A grands traits, on peut distinguer deux périodes : entre 1939 et 1957, c’est l’exil républicain qui domine l’antifranquisme, les militants apportant leur aide à leurs camarades restés en Espagne. Les changements économiques et sociaux intervenus à partir de 1957 entraînent un renouveau de l’opposition intérieure au régime, dans les universités, dans le mouvement ouvrier, et même au sein de l’Eglise. Cela crée un nouveau mouvement antifranquiste qui prend le pas sur les organisations en exil. Le colloque étudiera cette évolution du rapport entre intérieur et extérieur, et la manière dont le mouvement antifranquiste prend à bras-le-corps la question de la transition. L’idée d’une transition portée par les jeunes apparatchiks du franquisme est aujourd’hui battue en brèche, et les dernières recherches montrent clairement que la pression des mouvements antifranquistes après la mort de Franco a permis cette évolution.

La question de la mémoire est également importante ?

Bruno Vargas : Le symposium est une rencontre universitaire, qui réunit 17 spécialistes français et espagnols. Pour autant, nous souhaitons ouvrir nos connaissances à la société, et ce sera l’objet d’un livre, publié très prochainement que nous souhaitons accessible à un public très large. Nous faisons aussi de l’histoire pour mettre en avant qu’il y a toujours eu une Espagne tournée vers la démocratie libérale et européenne, pour ne pas oublier ce qu’a été le franquisme et ce qu’a été la lutte contre Franco, en France et en Espagne. Ce travail de d’histoire et de mémoire est d’autant plus important en Occitanie où vivent beaucoup de descendants d’exilés.

Colloque Radiographie de l’antifranquisme en Espagne et en France. Partis, syndicats et mouvements sociaux (1939-1977)

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